Il est le romancier iranien (1903-1951) le plus connu à l’étranger. Ces écrits laissent transparaître son pessimisme et sa vision d’un monde absurde. C’est un peu notre Albert Camus national, amenant néanmoins à des conclusions différentes. Si Camus reconnaissait que le suicide était une fin rationnellement logique à l’absurdité de notre existence, il concluait par cette phrase : « la lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux ».
Hedayat, pour sa part se réfugia dans l’opium et se suicida à Paris en 1951. Pour les soirées déprime, je peux vous conseiller son roman le plus connu « La chouette aveugle », adapté au cinéma par Raoul RUIZ pour ceux qui préfère l’image au texte. Beau, très beau, mais sombre, oppressant, trop sombre… Il n’espérait rien de la vie terrestre, et comme vous pouvez voir sur l’extrait suivant, rien non plus d’une vie future.
Extrait : Quand j’étais couché dans mon lit moite, toutes ces questions perdaient leur importance. Je ne tenais plus à savoir si Dieu existe réellement ou s’il a été créé à leur propre image par les seigneurs de la terre, soucieux de confirmer leurs prérogatives sacrées, afin de piller plus aisément leurs sujets – projection dans les cieux d’un état de choses terrestre. Je sentais alors combien religion, foi, croyance, sont choses fragiles et puériles en face de la mort ; autant de hochets à l’usage des heureux et des bien portants. En regard de la terrible réalité de la mort et des affres que je traversais, ce qu’on m’avait enseigné sur les rétributions réservées à l’âme dans l’au-delà et sur le jour de Jugement m’apparaissait comme un leurre insipide. Les prières que l’on m’avait apprises étaient inefficaces devant la peur de mourir.