Le dernier mardi de l’année iranienne (de mars à mars dans le calendrier grégorien) est célébré en Iran la fête du Feu – tchãhar chanbé soury pour les puristes, résurgence de la Perse millénaire. Dans les rues sont allumés des brasiers par-dessus lesquels les jeunes bondissent en criant « Donne-moi ta vivante couleur rouge et prends ma pale couleur orange ». Pétards, feux d’artifice, les gamins parfois voilés d’un tchador noir parcourent les rues en frappant sur des casseroles et vont de porte en porte pour recevoir des friandises, certains artistes se déguisent en noir vêtus du hadji firouz, habit aux couleurs très vives, chantent, dansent dans les rues pour annoncer l’arrivée prochaine de la nouvelle année. On brise dehors les pots en verre ou en céramique qui ont été fêlés durant l’année et que l’on a gardés précieusement pour ce jour.
Un ami français dont je tairais le nom m’a confié une anecdote amusante à ce sujet. Il venait juste d’arriver à Téhéran le jour de cette fête avant d’entamer une expatriation de plus de trois ans. Il se trouvait dans une chambre de l’hôtel Azadi (grande tour qui domine la ville dans le nord de Téhéran) et resta toute la soirée scotché à la vitre. Il entendait des pétards, voyait s’allumer en pleine rue de nombreux petits feux et pensait s’être retrouvé en plein milieu d’une révolution, en pleine guérilla urbaine. Cette anecdote est une belle illustration de la citation de Camus que j’ai postée au début de mon blog « On se fait toujours des idées exagérées de ce que l'on ne connaît pas ». Peut être malheureusement encore plus sur l’Iran.
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