Couple franco iranien vivant entre Paris et Téhéran souhaitant vous apporter un autre regard sur l'Iran.
"On se fait toujours des idées éxagérées de ce que l'on ne connaît pas"
Albert CAMUS
N’y a-t-il pas de meilleur lieu que Téhéran pour suivre la campagne présidentielle américaine ? Je vous le demande. Ici, la relation avec le frère américain est hautement passionnelle. Et Attention, ne surtout pas parler du grand frère américain… sous peine de lancer involontairement un débat interminable: pourquoi le grand frère américain, l’Iran est un des plus vieux pays du monde et la sagesse d’un homme ou d’un pays est proportionnelle à son âge et à ses expériences … éventuellement petit frère … ou cousin … ou petit scarabée inexpérimenté…
Mais je m’éloigne, revenons à nos moutons, aux élections américaines, qui sont suivies ici comme partout ailleurs dans le monde avec attention. Nous savons très bien en Iran que l’élection de l’un ou l’autre des deux candidats ne remettra pas fondamentalement en cause ni l’hégémonie du capitaliste financier, ni la politique impérialiste américaine. De petits changements dans la forme, peu de changements majeurs dans le fond. Néanmoins, les iraniens suivent de prés la campagne de Barak Obama. Non pas pour l’espoir d’une nouvelle Amérique plus jeune, plus ouverte sur le monde extérieur. Non. Tout simplement parce qu’une famille du sud de l’Iran est très fière de porter le même nom que lui. La légende s’est très vite construite autour de cette coïncidence. Une émigration très ancienne provenant d’Afrique a peuplé une partie du sud de l’Iran. Quoi ceci ne vous suffit pas ? Vous voulez d’autres preuves ? Son deuxième prénom est Hussein. Plus de doutes permis ! Par contre, n’ébruitez pas trop cette information ; je m’en voudrais de faire peur à une partie de l’électorat analphabète américain et être la cause de l’élection d’un président qui a un nom de frite !
Tous deux sont des pantins servant les intérêts de quelques uns au détriment de la majorité. Tous deux sont une insulte à l’intelligence de nos deux peuples. Tous deux, je l’espère, figurerons comme une parenthèse malheureuse et vite oubliée dans l’histoire de nos deux pays.
Je venais juste de m’installer en Iran et recherchais un jeudi après-midi un coiffeur dans le haut de Valendjak, au nord de Téhéran. Je demandais à une charmante miss toute vêtue de noire que je venais de croiser à l’entrée d’un centre commercial de m’indiquer ou se trouvait le coiffeur le plus proche. Après quelques instants de surprise de croiser un étranger, de surcroit à la recherche d’un coiffeur, elle rassembla son meilleur anglais pour me dire : « cut your head ? You want to cut your head? Go upstairs, 2nd floor. ». Nous étions en 2005, à l’époque ou à quelques kilomètres de là, en Irak, des sauvages décervelés découpaient de la tête d’occidental en guise d’action politique. Je pris sa formulation pour une petite erreur de vocabulaire : hair, head - je ne sus que bien plus tard qu’elle ne faisait que traduire littéralement en anglais son farsi. Je trouvais assez facilement le coiffeur « coupeur de tête » en question. Il ne s’appelait pas « Al Qaida barber », les clients semblaient paisibles, je ne vis aucune tête sur le sol, bref je rentrais en confiance et m’installais sur un siège vacant pour attendre mon tour. Cela ressemblait en tout point à un salon de coiffure parisien avec des posters de belles gueules souriantes bien coiffées, une multitude d’échantillons de shampoing et autres produits de soin, des magazines et des journaux à la disposition de la clientèle. La seule différence majeure que je notais était l’absence totale de femme (les salons de coiffure iraniens ne sont pas mixtes). Quatre hommes attendaient patiemment leur tour en regardant une série qui passait sur une télé accrochée dans un coin de la pièce. Même le coiffeur s’arrêtait parfois de travailler pour jeter un coup d’œil sur l’écran. Je tentais de me fondre dans l’ambiance du salon en regardant moi même la série à laquelle je ne comprenais rien. Lorsque le coiffeur m’adressa la parole et compris que je ne parlais pas farsi mais seulement anglais, le centre d’intérêt se translata brutalement de l’écran vers ma petite personne. Il me proposa de venir m’installer à la place du client dont il venait de finir la coupe. Je refusais à deux reprises avec mon meilleur farsi : « na, na » en invitant les autres clients qui attendaient leur tour à respecter l’ordre d’arrivée. Ceux ci refusèrent deux fois en de grands mouvements de mains. J’acceptais donc de prendre leur tour (je ne sus que bien plus tard que leurs refus n’étaient qu’une forme de politesse en Iran à laquelle il aurait fallu que je refuse 3 fois …). Le coiffeur éteignit la TV et mit une cassette de Bob Dylan, pour mettre en confiance et accueillir comme il se doit l’étranger que j’étais.
J’en connaissais l’existence mais je n’y avais encore jamais mis les pieds. Certaines rues de Téhéran à certaines heures de la semaine sont de véritables lieux de rencontres. Cela se passe en voiture. Les mecs, gominés, chemise ouverte, dans le 4x4 du papa, qui s’arrêtent à hauteur de la 206 ou les nanas, rayonnantes de couleurs vives et de maquillage, pour engager une petite discussion superficielle et peut être s’enfuir ensemble pour partager un peu plus d’intimité. C’est un peu la boite de nuit iranienne. Et les flics sont là, pour la circulation, et se limitent à empêcher uniquement ces jeunes de faire demi-tour au bout de la rue. Mais que peuvent-ils leur reprocher ? Pas grand-chose. Les voitures ne sont pas mixtes. Et il n’est pas interdit de discuter avec la voiture d’à côté dans les bouchons… même si ici, les jeunes créent eux-mêmes les bouchons pour pouvoir discuter. Allez faire un tour dans Jordan street un vendredi après midi !